Mali : retrouver une vie normale grâce à la chirurgie

Mali : retrouver une vie normale grâce à la chirurgie

Bamako – Depuis cinq ans Abdel*, 48 ans, traîne « un petit ballon » entre ses jambes, limitant ses mouvements et l’exposant à des railleries dans son quartier situé dans la banlieue nord de Bamako. « Je souffrais d’hydrocèle, avec un inconfort à me présenter en public. Les gens me regardaient de façon bizarre, j’avais honte et ma famille était discriminée aussi », raconte Abdel, assis sur un banc dans l’hôpital le Luxembourg de Bamako. 

L’hydrocèle est une accumulation de liquide dans une « poche » entourant le testicule et avec une augmentation plus ou moins importante du volume d'une bourse. C’est une affection bénigne qui ne risque ni de s'infecter, ni d'évoluer vers une maladie plus grave mais elle est très stigmatisante. Son traitement se résume à une opération chirurgicale.

« Je n’avais pas les moyens pour faire cette intervention. J’avais fait recours aux médicaments traditionnels plusieurs mois durant sans guérison », confie le père de famille.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), beaucoup de maladies dont le traitement repose sur un acte chirurgical sont parmi les 15 premières causes de handicap physique dans le monde et 11 % de la charge mondiale de morbidité est attribuable à des maladies que la chirurgie permettrait de traiter avec succès. Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont les plus touchés.

L’Afrique est la région où ces besoins non couverts sont les plus élevés. La multiplication des conflits armés, la rareté de personnel qualifié, un plateau technique peu reluisant et l’insuffisance de ressources financières sont autant de facteurs qui expliquent cette situation sur le continent.

Le Mali traverse une crise socio politique aigüe avec un nombre important de personnes déplacées engendrant ainsi des besoins considérables non couverts en matière de santé. Les personnes les plus vulnérables sont les plus affectées. 

Pour pouvoir les soulager, la Société de Chirurgie du Mali, en marge de son 11ème congrès, a organisé, avec l’appui du bureau de l’OMS au Mali, une campagne de chirurgie gratuite au profit des populations démunies, les personnes déplacées à Bamako et ses environs et celles référées des zones de conflits vers les hôpitaux de Bamako.

Les 4 et 5 août 2023, 167 médecins et infirmiers ont été mobilisés pour des interventions chirurgicales au profit de 356 personnes, dont la tranche d’âge varie de 1 à 91 ans. Les pathologies prises en charge sont entre autres la cataracte, la hernie, le goitre, des tumeurs des tissus mous, le rétablissement de la continuité digestive, les kystes sébacés, les nodules dans le sein, le prolapsus utérins, les séquelles d’excisions et les hydrocèles.

Pour cette campagne chirurgicale, en plus des consommables médicaux, l’OMS a appuyé la formation des prestataires de soins sur la réduction des risques d’infection associés aux soins et la sécurité au bloc opératoire.

« L’appui nous a permis d’assurer la prise en charge chirurgicale des personnes démunies et vulnérable. Nous avons sauvé des vies et redonné l’espoir à des désespérés », a déclaré le Président de la Société de chirurgie du Mali, le Professeur Adégné Togo. 

Cette activité de chirurgie gratuite cadre parfaitement avec l’un des objectifs de l’OMS qui est de ne laisser personne de côté. « Cette initiative louable a réuni à la fois les objectifs humanitaires et ceux du renforcement de capacités des personnels de santé en vue de l’amélioration de la qualité des services au bénéfice des populations du Mali », a souligné Dr Christian Itama, le Chargé du bureau de l’OMS au Mali. « L’accès aux soins de qualité partout et pour tous est notre priorité. »

Abdel fait partie des patients opérés. Nous le retrouvons quelques jours plus tard dans le même hôpital pour un contrôle. « Je remercie le bon Dieu qui m’a fait voir ce jour. J’avais perdu l’espoir de retrouver une vie normale », exalte-t-il. « Mon opération a été un succès. Grace à cette chirurgie, je me sens renaître. » 

*Nom d’emprunt
 

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CISSE Abdoulaye

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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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